mardi 18 novembre 2025

Rodolphe Salzmann. Grand Profès, Frère Ecossais Rectifié et Elu-Coën

 

Rodolphe Salzmann. Grand Profès, Frère Ecossais Rectifié et Elu-Coën

Eric P. Bahne von Krauss & Henri Mangin

Les Cahiers Libertate

Editions Modestia – https://www.editionsmodestia.com/

Cet ouvrage précède De Wilhelmsbad I & II à nos jours, que nous avons déjà présenté, qui lui-même devance un ouvrage à paraître sous peu sur lequel nous reviendrons. Cette trilogie sera vite indispensable à tout pratiquant ou étudiant du RER.

L’ouvrage est sous-titré A l’école de la mystique romane, nous rappelant ainsi l’influence considérable de ce courant sur la genèse du Régime ou Rite Ecossais rectifié.

Rodolphe Salzmann (1749-1821) devint très tôt un proche de Louis-Claude de Saint-Martin et de Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824). Il fut l’artisan de l’alliance entre la culture initiatique allemande et la culture initiatique française telle que nous pouvons la saisir dans le passage de la Stricte Observance Templière au Régime Ecossais Rectifié, cette « Rectification » qui s’opère sur plusieurs années, notamment dans les trois Convents, des Gaules (1778), Wilhelmsbad I (1782) et Wilhelmsbad II (1817). Le strasbourgeois Salzmann fut non seulement présent et acteur de ces trois convents mais sa fidélité à Jean-Baptiste Willermoz fut constante et fait de lui non seulement un compagnon de route mais une figure de l’illuminisme.

Les archives de Rodolphe Salzmann sont perdues mais les correspondances soutenues avec la Comtesse de Stein et Diethelm Lavater, complètes, permettent de reconstituer plusieurs pans de l’action et de la pensée de Salzmann.

L’ouvrage se compose de quatre parties.

La première partie dresse un portrait détaillé de Rodolphe Salzmann et de son parcours personnel et spirituel à travers les témoignages de personnalités qu’il côtoya d’une façon ou d’une autre, soutenue ou épisodique. Sa relation avec la famille Stein est ici centrale. Nous découvrons que Rodolphe Salzmann était déjà Franc-maçon à 24 ans et qu’il envisagea de faire entrer le jeune Stein dont il assurait l’éducation, non sans difficultés, dans l’Ordre maçonnique. Il se heurtera au refus de sa mère, la Comtesse. Nous mesurons déjà dans ces épisodes de jeunesse l’engagement et l’orientation de Salzmann.

 


La deuxième partie débute par la rencontre, à Lyon, en 1777, de Salzmann avec Louis-Claude de Saint-Martin et Jean-Baptiste Willermoz, début d’un long compagnonnage spirituel, et d’une longue amitié, plus particulièrement avec Saint-Martin. Il participe aux fameuses « Leçons de Lyon », ce qui atteste déjà de son appartenance à l’ordre des chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers et il sera bien évidement de l’aventure du Régime Ecossais Rectifié. Salzmann est un grand voyageur (Allemagne, Srasbourg, Lyon, etc.), il participe ainsi à l’alternative nomade qui caractérise la démarche initiatique. Dans cette partie, nous trouvons au milieu de sa correspondance une série de lettres importantes de Jean-Baptiste Willermoz à Bernard de Türckheim et Rodolphe Salzmann. Eric P. Bahne von Krauss attire l’attention du lecteur sur l’une d’elles, datée de 1783, « une démonstration de maintenir le grade symbolique de Saint André qui débouche par la suite sur la classe de l’O.I., lesquels additionnés, se trouvent être le sanctuaire incontournable pour une transition réussie entre les trois premiers grades symboliques et la G.P. », soit la Grande profession. Cette lettre énonce clairement la vision du système pensé par Willermoz, sa cohérence, ses articulations, ses enchâssements éventuels.

La troisième partie est plus doctrinale et aborde l’intérêt de Salzmann pour l’œuvre de Böhme, mais aussi de Maître Eckhart et des mystiques rhénans de façon plus générale. Les sujets des rapports complexes avec les néo-templiers, déjà, et les Rose-Croix, sont abordés ainsi qu’avec d’autres systèmes comme celui de Zinzendorf.

La quatrième partie, plus courte, est de la plus haute importance puisqu’elle traite du réveil du Régime Ecossais Rectifié après la période de rupture de la Révolution française. Rodolphe Salzmann, Grand Profès, dépositaire de la doctrine de l’Ordre, en est aussi le gardien, ce qui n’empêche pas des ouvertures, toujours prudentes, vers d’autres contributions. Il fut un vecteur essentiel de la permanence du Régime Ecossais, de son évolution et du maintien de ses fondements doctrinaux et initiatiques.

L’ouvrage est passionnant, et demande plusieurs lectures pour en tirer tous les apports qui renouvellent et approfondissent le sens et la nature de l’aventure initiatique, assurément riche de surprises, du RER.

jeudi 30 octobre 2025

De Wilhelmsbad I & II à nos jours. La voie tracée du Régime Rectifié

De Wilhelmsbad I & II à nos jours. La voie tracée du Régime Rectifié.

Eric P. Bahne von Krauss

Editions Modestia – https://www.editionsmodestia.com/

Ce livre est le fruit d’un considérable travail de recherche dans des archives peu connues, peu accessibles et donc peu exploitées, celles du Collège Métropolitain de France et de la Ve Province de Bourgogne.

Eric P. Bahne von Krauss met à notre disposition un grand nombre de documents inédits en rapport avec les deux convents de Wilhelmsbad, celui de 1782, considéré comme fondateur du Régime Ecossais Rectifié, celui, moins connu de 1817, qui veut assurer à la fois l’identité et la permanence du Régime. Les documents portent tout aussi bien sur l’histoire que sur la doctrine de l’Ordre.


 

L’ouvrage, qui fait près de 900 pages, laisse une grande place aux documents et à leur transcription. Eric P. Bahne von Krauss a fait le choix de ne pas commenter longuement les documents pour simplement signaler leur intérêt et attirer notre attention sur les conséquences de certains passages essentiels. Cette sobriété sert l’ensemble et nous rappelle que les documents se suffisent bien souvent à eux-mêmes.

Si les documents concernant le premier convent de Wilhelmsbad ne modifient pas particulièrement nos connaissances sur le sujet, ceux en lien avec le second convent devraient réorienter en partie la recherche, historique comme doctrinale, sur le RER et peut-être la mise en œuvre du régime ou du rite.

Ils permettent de préciser le rôle et l’action des différents protagonistes autour de Jean-Baptiste Willermoz, tout particulièrement J. de Türckheim et Rodolphe Salzmann. Ils réaffirment l’importance de la matrice martinésiste et affine la place de la doctrine de la réintégration dans le RER, mettent en évidence un éclairage trinitaire renforcé et une « christification » voulus par Willermoz. Ils offrent une vision très enrichie de la nature et de la fonction de la classe secrète des Profès et Grands Profès. Jean-Baptiste Willermoz insiste encore sur l’importance de ce qu’il nomme la « Doctrine de Moïse ».

Ces documents permettent d’interroger et d’approfondir des aspects philosophiques, métaphysiques, initiatiques et, peut-être, de dégager des praxis de cet ensemble. Alors que l’abandon de la référence templière, à distinguer de la référence à l’imago templi, est acté depuis le premier convent de Wilhelmsbad, les principaux acteurs du second convent vont plus loin en interrogeant l’intérêt de l’organisation en commanderies et prieurés. C’est donc une dynamique très orientée qui se dégage de la lecture de ces documents. Il faut encore les étudier afin d’en tirer un véritable enseignement. De ce point de vue, l’auteur, Eric P. Bahne von Krauss, est bien entendu et avec bonheur en avance sur le lecteur.

Le deuxième convent, fruit d’un véritable travail collectif, engendra une réforme déterminante dont la prise en compte sera sans aucun doute l’objet de bien des débats dans les différentes instances rectifiées aujourd’hui à l’œuvre. En tous les cas, elle ne peut désormais être ignorée.

« Ce livre, nous dit l’auteur, se veut donc la rectification d’un oubli, mais aussi l’explication finale du Régime Rectifié, tel qu’il devrait être connu et transmis dans nos Loges aujourd’hui. Cela afin d’être fidèles à son histoire, et honnêtes envers les FF. du XXIe siècle. »

De Wilhelmsbad I & II à nos jours fait suite à l’ouvrage Rodolphe Salzmann, Grand Profès, Frère Ecossais Rectifié et Elu-Coën et précède un ouvrage à paraitre sous peu sur lequel nous reviendrons. Cette trilogie sera vite indispensable à tout pratiquant ou étudiant du RER.

mardi 1 octobre 2024

Robert Ambelain

 

Robert Ambelain, le théosophe clandestin

Serge Caillet

Edition La Tarente, Mas Irisia, Chemin des Ravau, 13400 Aubagne –  https://latarente.fr/

Trop souvent, nous entendons des jugements à l’emporte-pièce à l’encontre de Robert Ambelain, y compris de la part de personnes qui se présentent comme historiens, ce qui traduit une méconnaissance de la véritable nature de la scène ésotérique et de ses mouvements. Ce livre permettra à chacun de mieux comprendre l’homme, complexe, et ses actions, souvent déterminantes, pour préserver certains courants traditionnels occidentaux.

 


 

 

« A la charnière des amis de Papus et d’une troisième génération de Compagnons de la Hiérophanie, qui lui doit beaucoup, la carrière et l’œuvre de Robert Ambelain sont tout à fait exceptionnelles, annonce Serge Caillet. Travailleur infatigable, continuateur des rénovateurs de l’occultisme de la Belle Epoque et des maîtres de l’illuminisme du siècle des lumières, héritier aussi des grands ancêtres de la race des Cornelius Agrippa, des Jean Trithème et des Abramelin, ce « meneurs d’extravagants » a maintenu leur héritage, à sa façon singulière et efficace, dans les écoles mystériques qu’il a restaurées, y compris et d’abord dans la clandestinité, avant leur retour en pleine lumière, de la Rose-Croix, du martinisme, des chevaliers maçons élus coëns, de l’Eglise gnostique et des rites occultistes de la franc-maçonnerie, particulièrement de Memphis-Misraïm. »

Serge Caillet souligne, et c’est de première importance, la dimension libertaire de l’œuvre de Robert Ambelain qui ne se laissa jamais inféoder. C’est un véritable questeur, ce qui est rare, un praticien exigeant des disciplines traditionnelles, principalement l’astrologie, la géomancie, la théurgie, n’hésitant pas à remettre en question ses propres travaux quand ils lui semblent finalement invalides. C’est aussi un guerrier, un guerrier de l’esprit et un guerrier tout court comme il l’a démontré pendant l’occupation nazie, maintenant en activité quelques sociétés initiatiques devenues clandestines.

Le portrait dressé par Serge Caillet est très étayé et particulièrement lucide. Robert Ambelain a parfois développé des thèses ou des positions intenables. Avec le recul de quelques décennies, l’œuvre visible, riche de sa diversité, apparaît parfois pleine de contradictions ou de contre-sens, pourtant tous ceux qui l’ont approché, reconnaissent en Robert Ambelain une figure majeure du monde initiatique du siècle dernier, non en raison de ses écrits mais en raison de ce qu’il fut, de ce qu’il réussit à établir et valider par la pratique des sciences traditionnelles. Il avait un sens très aigu de l’élaboration et de la mise en œuvre des rituels. Il fut sans aucun doute un véritable théurge quitte parfois à s’engager sur des sentiers épineux.

Parce que Robert Ambelain connut à peu près tous ceux qui comptèrent au sein de la scène ésotérique et occultiste de son époque, ce livre n’est pas qu’un ouvrage sur le personnage, c’est aussi une contribution à la compréhension des évolutions, des réussites et des crises qui justifient cette scène si sensible aux contextes historiques et culturels traversés. C’est aussi, pour ceux qui savent la nature des voies initiatiques, une opportunité de saisir quelques parcours, certes sinueux, déroutants parfois, mais finalement porteurs d’accomplissement.

Serge Caillet cherche et réussit à clarifier certains moments, certains choix, la nature de certains dépôts, le rôle des uns ou des autres, concernant le martinisme du siècle dernier, la résurgence de l’Ordre des Chevaliers maçons élus coëns de l’univers, la Rose-Croix d’Orient, l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, l’Eglise gnostique, et bien sûr les rites maçonniques de Memphis et Misraïm. Il prolonge ainsi son remarquable travail sur Les Sârs de la Rose-Croix, publié en 2022 chez le même éditeur et nous permet de mieux comprendre une actualité initiatique et ésotérique certes discrète mais prégnante.

samedi 21 septembre 2024

Elus Coëns : La Table des 2400 noms

 La Table des 2400 noms

Un travail de Georges Courts. Préface de Thierry-Emmanuel Garnier

Editions Arqa – https://editions-arqa.com/

En 2019, Georges Courts a découvert, avec bonheur, dans la librairie parisienne Florence de Chastenay, un manuscrit d’exception du XVIIIe siècle, de très bonne qualité nous dit-il, de la Table des 2400 noms (on parle aussi de Registre) qui sert à la mise en œuvre des opérations théurgiques de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers. Ce manuscrit serait selon Thierry-Emmanuel Garnier et Georges Courts antérieur à celui de Prunelle de Lière, conservé à la Bibliothèque de Grenoble, référence jusqu’alors.

 


 

Les précédentes éditions proposées par Robert Amadou du manuscrit de Grenoble, d’abord chez Cariscript en 1984, celle de Bélisane en 1987, puis celle, plus étoffée, en 2001, sous le titre Les Angéliques, du CIREM, Centre International de Recherches et d’Etudes Martinistes, sont toutes épuisées. Les intéressés, peu nombreux en réalité, utilisent depuis des photocopies ou des versions numériques de ces éditions passées. Cette nouvelle édition en fac-similé aurait pu venir compléter, peut-être couronner, un ensemble indispensable à la pratique. En effet, ces éditions sont avant tout faites pour l’usage, les Tables sont inutiles à ceux qui ne pratiquent pas sérieusement la théurgie coën. Restent les collectionneurs, peu nombreux également…

Malgré une très belle couverture rouge et or, pour l’édition dite de « grand luxe », l'ouvrage est composé essentiellement de 150 pages de copies de piètre qualité, beaucoup de mots étant illisibles comme certains caractères et hiéroglyphes. Une transcription est proposée à part mais sans les signatures, par conséquent d'un usage fort peu pratique. Par ailleurs, on apprend dans une note, qu'une édition plus complète, construite à partir de la confrontation des manuscrits de Grenoble et de Metz, est en préparation « avec la totalité des noms des angélies, des glyphes, etc., composant la « Table des 2400 noms ». A quoi bon celle-ci ?

Nous attendrons donc avec intérêt ce second volume qui ne reprendra pas le fac-similé. Notons que quelles que soient la qualité et la rigueur du travail de Georges Courts, l’absence de reproductions correctes du manuscrit restera préjudiciable. En effet, il ne sera pas possible d’interroger les choix, il y en aura nécessairement, faits par Georges Courts dans cette exégèse.

Contacté, Thierry-Emmanuel Garnier, directeur des éditions Arqa et artisan de cette publication, trouve son édition très réussie. Dans une préface trop exaltée, il semble ignorer l'édition du CIREM de 2001, plus complète que les précédentes, argumentée par Robert Amadou et, malgré une fabrication très artisanale, très lisible et utilisée de façon privilégiée par les opérants depuis plus de deux décennies. Il semble donc un peu tôt pour annoncer maladroitement comme il le fait que le travail de Robert Amadou est "périmé" ou "à réformer".

Cette découverte, importante, aurait dû se transformer en un très beau projet d’édition, c'est pour le moment un beau gâchis. Il faut souhaiter que le deuxième volume annoncé pour 2015 soit cette fois à la hauteur.

vendredi 29 mars 2024

Des Elus Coëns au Rite Ecossais Rectifié. Classes secrètes et Réintégration

 

Des Elus Coëns au Rite Ecossais Rectifié. Classes secrètes et Réintégration Textes de Rémi Boyer et Lima de Freitas

Préface de Sylvie Boyer-Camax

Editions La Tarente, Mas Irisia, Chemin des Ravau, 13400 Aubagne –  https://latarente.fr/

Les trois contributions qui sont rassemblées ici, les deux premières de Rémi Boyer, la troisième de Lima de Freitas, cherchent à interroger, explorer et traverser les praxis véhiculées par les traditions de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers et du Rite Ecossais Rectifié, deux expressions majeures du courant illuministe désigné par Robert Amadou comme « martinisme », et plus largement de la Tradition occidentale marquée par le sceau du judéo-christianisme.

 


 

Le premier de ces trois textes traite d’une mise en œuvre de la théurgie des Réau-Croix voulue par Robert Amadou dans la dernière décennie du deuxième millénaire en réponse à l’état, considéré déficitaire, de la scène initiatique en général dans sa capacité de réconciliation et de réintégration. La réalisation de ce projet a permis d’évaluer au plus près les possibilités offertes par le Culte Primitif proposé par Martines de Pasqually à ses émules.

Le deuxième texte réfléchit sur l’essence du Régime ou Rite Ecossais Rectifié à travers le grade central de Maître Ecossais de Saint-André, écrin pour un concentré exceptionnel de mythèmes à même de répondre aux exigences et aux attentes de la classe secrète des Profès et Grands Profès, dont la fonction réelle ne fut jamais pleinement établie concrètement par Jean-Baptiste Willermoz. Plus de deux siècles après, alors que le Rite Ecossais Rectifié est florissant, dans un monde fort différent de celui qui l’a vu se construire, que les exégèses se multiplient, porter le regard sur ce que ce rite préserve, conserve, offre, sur le plan opératif paraît très nécessaire.

Le troisième texte est de la plume de Lima de Freitas (1927-1998), artiste majeur de la seconde partie du dernier siècle, l’un des grands penseurs du Sébastianisme, et hermétiste de haut vol qui a su se saisir des arcanes pour les réaliser. Le sujet traité, le Feu et le Nombre 515, « la Clef de Dante », n’est pas spécifique au courant illuministe mais imprègne la Tradition occidentale et au-delà. Ce Franc-maçon, Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte au Rite Ecossais Rectifié du Grand Prieuré de Lusitanie, alors sous la direction avisée de José Anes, s’est affirmé comme un maître hermétiste et illuministe de premier plan dont l’enseignement réside pour l’essentiel dans ses peintures, mais aussi dans quelques textes puissants. Le Feu du Ciel est un texte fondamental, rédigé pour la Pentecôte en 1992, qui vient renforcer et étendre la portée initiale, déjà d’une grande puissance, de son ouvrage indispensable 515, le lieu du miroir[1]. Il reprend notamment nombre de points clés identifiés lors de ses échanges épistolaires avec Gilbert Durand. De cette « correspondance imaginale » vont en effet jaillir des révélations aux portées cosmogoniques et alchimiques considérables. Plus encore, Le Feu du Ciel, porte des clés initiatiques nombreuses, universelles, qui font lien entre les enseignements traditionnels que nous avons porté ces vingt dernières années, particulièrement dans le domaine des alchimies internes et des théurgies, que celles-ci empruntent les habits de l’Occident ou ceux de l’Orient.

Les trois textes nourriciers de cet ouvrage se complètent et s’harmonisent remarquablement. Ils sont donnés comme des pistes de réflexion, de méditation, de maturation à tous ceux qui veulent bien écouter et entendre, s’ouvrir à plus grand et à plus haut sens. Ils ne reflètent probablement qu’un aspect de la Réalité, car qui sommes-nous ici pour prétendre détenir la Vérité ? Mais ils peuvent dire beaucoup à ceux qui se laissent infuser et qui lisent avec leur Cœur. Ils pourront alors leur faire pressentir l’Absolu, la liberté de l’Absolu. Tout est affaire de regard, de prise de conscience, d’attention à ce qui est, de présence.



[1] 515, le lieu de miroir de Lima de Freitas, éd. Albin, Michel, Paris, 1993.